Parti à Montréal pour étudier, ma passion pour les sports mécaniques m’a vite rattrapé et amené à visiter le plus grand Salon de la motoneige de la province dans la ville de Québec. J’y découvre les différentes machines utilisées pour transformer les rochers en appels et les sous-bois en spéciales.
Je constate d’emblée la différence entre une motoneige et un snowbike. La motoneige est la fameuse machine classique équipée de deux skis à l’avant et d’une très grosse chenille à l’arrière (30 à 40 cm de large sur 2 m de long). L’engin fait souvent de 600 à 900 cm3: on se rapproche alors plus d’un “quad des neiges”. Un snowbike, c’est une moto d’enduro ou de motocross 450 4T ou 300 2T équipée d’une chenille plus fine (20 à 30 cm de large sur 1,50 à 2 m de long) et d’un seul ski à l’avant. Bien que haute avec le kit de conversion, elle est donc plus maniable sur la neige et plus légère.
Je fais la rencontre de Samuel Vigneault-Caron, un jeune pilote de snowbike venu exposer sa monture pour l’importateur Thibault. Sam habite près des montagnes et il est passionné depuis tout petit par ces engins, pratiquant en été le motocross et l’enduro. Quand l’hiver arrive, il transforme en deux heures son 450 SX-F en snowbike. Pour cela, il a acheté un des kits de conversion vendus par des équipementiers comme Timbersled (dont il est équipé) ou Camso. A la fin de notre discussion, je fais l’expérience de la légendaire courtoisie des Québécois puisque Sam m’invite à le voir en action au guidon de son snowbike sur son terrain.
Je me rends chez Sam, randonnée motoneige accompagné d’un ami (Cyril Janvier) qui porte bien son nom puisqu’il est venu profiter de la chaleur ardente du Canada au mois de… janvier. Je remarque sur la route que les terrains aux alentours offrent pas mal de montées: « Chic! Nous pourrons le voir rider la clutch! ». Car Samuel participe à des courses de Hillcross où la règle est simple: arriver le premier au sommet d’une montée enneigée. Participant souvent à ce genre de courses, il est habitué aux podiums.
La première chose que je remarque sur son snowbike, c’est la longueur de la “laye”
Une fois arrivé à la maison du fameux pilote, ce dernier nous accueille paré de sa plus belle chemise à carreaux. Nous nous rendons sans tarder dans son garage situé à quelques mètres de sa maison, équipé d’une chaudière uniquement pour cette pièce, mais également d’un poêle, comme si cela ne suffisait pas. Avec – 35° C de ressenti à l’extérieur, c’est plus confortable que de faire de la mécanique avec des moufles. Une magnifique Chevrolet C10 de 1963 est garée à côté du fameux snowbike. Les outils sont bien rangés, l’établi nickel, les accessoires à leur place: nous pouvons commencer la préparation de la bête pour la ride.
La première chose que je remarque sur son snowbike est la longueur de la “laye”, environ 1,50 m de long pour une trentaine de centimètres de large, puis la hauteur des crampons (environ 10 cm). Vient ensuite le ski qui permet à la moto de glisser sur la neige. Plutôt imposant lui aussi, il est composé de trois ailerons en dessous afin de faciliter la prise de trajectoire (un peu comme les planches de surf). Sam m’explique alors que le kit de conversion comprend le ski, la chenille, la transmission, un châssis, trois amortisseurs, le gardeboue, un disque et un étrier de frein. Comptez en moyenne 3 000 euros pour un kit d’entrée de gamme et jusqu’à 8 000 euros pour le plus haut de gamme.
Une autre particularité de sa monture est le couvremoteur en simili cuir qui permet d’éviter que la neige s’accumule, mais surtout de le tenir au chaud. Car si la neige parvient à entrer en contact avec le moteur, elle fond dessus, puis se transforme en glace. Samuel a aussi enlevé les “ailettes” de radiateur pour éviter ce souci. Concernant l’allumage, le démarreur électrique joue un rôle essentiel puisque démarrer au kick une moto sans pouvoir poser le pied par terre (il s’enfonce dans la neige) est assez compliqué. Accompagné d’un embrayage Rekluse, cela permet aussi une certaine assurance en cas de chute.
Le levier de frein avant (inutile sur un ski) a été enlevé pour laisser place à un levier de frein arrière. Ajoutez à cela un sélecteur de vitesses et des cale-pieds plus larges et plus agressifs pour bien adhérer aux bottes plus épaisses qu’en enduro. Il a également installé une barre LED, nécessaire pour bien proflter de ses journées de ride puisqu’en hiver, le soleil se couche aux alentours de 16 h. Enfln, Sam ne manque pas de me faire remarquer qu’au niveau des protège-mains, des intégraux sont indispensables pour rouler entre les arbres. Le “treeriding” porte bien son nom et, surtout, laisse ses marques sur les protège-mains.
Et l’entretien dans tout ça?
Oubliez le changement d’huile toutes les 15 heures, ici, c’est quasiment à toutes les sorties (5 heures). Les moteurs sont exposés à des conditions extrêmes et demandent une attention particulière. Le système de flltration de l’air est entièrement revu: il a enlevé le boîtier d’origine pour le remplacer par une fabrication maison. A l’aide d’une durit en silicone en plus d’un filtre type cornet mousse et d’une chaussette de protection, Sam a créé son propre filtre à air équipé d’un préfiltre imperméable.